Remarques préliminaires
Il y a deux obstacles à l’action : l’optimisme absolu, pour qui rien n’est à transformer puisque rien n’est mal, et le pessimisme absolu, pour qui rien ne peut être transformé. Le premier n’étant de toute manière pas de saison (sauf dans la tête de quelques climatosceptiques à qui nous n’avons rien à dire), c’est le second que nous entendons contribuer à lever, dans la mesure de nos moyens.
Ayant étudié, d’une part, les pessimismes philosophiques, d’autre part les affections mélancoliques, nous sommes parvenu au sentiment qu’il y a, sinon identité, du moins similitude ou analogie (une question que nous ne trancherons pas ici) entre ces deux groupes de phénomènes. En retraçant les principales articulations de la mélancolie, telles qu’elles ressortent de ces études, on peut donc parvenir, pensons-nous, à dessiner, comme par décalque, les grandes nervures du pessimisme, et par là même à mettre en évidence ce qui, chez lui, relève non pas de l’argument philosophique, mais, par exemple, de l’expression ou du symptôme. C’est la tâche à laquelle nous nous attellerons dans ce chapitre.