Sur la « psychologie des profondeurs »

Il est peut-être temps d’en finir avec la « psychologie des profondeurs ». On pourrait l’appeller la « psychologie du plus malin ». Elle se fait fort de débusquer les mobiles secrets des humains : mais que nous importent leurs mobiles secrets ? C’est une psychologie de prêtre, de confesseur, que celle qui se met ainsi en peine des intentions. Nous ne pouvons du reste prêter à autrui d’autres mobiles que ceux que nous trouvons en nous-mêmes : magnanimes quand nous sommes magnanimes, mesquins quand nous sommes mesquins. De telle façon qu’interpréter le comportement d’autrui n’est, en définitive, que parler de soi et de ses blessures. Quiconque est un peu averti se défiera de son « intuition » en ces matières. Et quand bien même la générosité ne serait qu’un masque de l’égoïsme : n’est-ce pas déjà quelque chose, que de savoir que l’égoïsme éprouve le besoin de se masquer ?